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la chaleur est moins violente que dans ces îles. Nous arrivâmes enfin à une des maisons des insulaires ; c’était une misérable cabane, en comparaison des hautes maisons des îles de la Société ; elle était placée sur une plate-forme de pierres ni assez unies ni assez égales pour qu’on pût s’y asseoir sans se briser le corps, quoiqu’elles fussent couvertes de nattes. Les naturels avaient dressé sur cette base des cannes de bambou serrées très-près les unes des autres, et d’environ cinq ou six pieds d’élévation ; le tout était terminé par un toit composé de petits bâtons couverts de feuilles d’arbre à pain et de rattas. Toute la hutte avait environ quinze pieds de long et huit ou dix de large : l’usage où ils sont de placer leurs habitations sur des fondemens de pierres semble supposer que le pays est sujet, en certaines saisons de l’année, à de fortes pluies et à des inondations. Nous y trouvâmes de grandes auges de bois remplies de morceaux de fruits à pain mêlés avec de l’eau. Trois Indiens qui parurent près de la hutte allèrent nous chercher de l’eau à un ruisseau qui coulait à environ trois cents pieds de là. Les ayant remerciés de leur obligeance par des présens, nous nous rendîmes au rivage, puis nous retournâmes à bord. En entrant dans notre canot, nous courûmes le plus grand risque de chavirer : le ressac, qui frappait contre les rochers, nous couvrit entièrement d’eau. Oedidi, qui était resté à terre, nous voyant en danger, se jeta à la mer, et