Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/252

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contens. Je me rendis alors aux autres cabanes, et j’en trouvai deux placées si près l’une de l’autre, qu’elles renfermaient un espace d’environ dix pieds carrés, entouré en partie de haies. Trois femmes, l’une d’un moyen âge, la seconde et la troisième un peu plus jeunes, allumaient du feu sous un grand pot de terre : dès qu’elles m’aperçurent, elles me firent signe de m’éloigner ; mais, voulant connaître leur méthode d’apprêter les alimens, je m’approchai. Le pot était rempli d’herbes sèches et de feuilles vertes, dans lesquelles elles avaient enveloppé de petits ignames : ces racines sont donc cuites dans ce pot à peu près de la même manière qu’à Taïti, dans un trou rempli de terre et de pierres chaudes. Ce fut avec peine qu’elles me permirent d’examiner leur pot ; elles m’avertirent de nouveau par signes de m’en aller ; et, montrant les cabanes, elles remuèrent leurs doigts à différentes reprises sous leur gosier : je jugeai que, si on les surprenait ainsi seules dans la compagnie d’un étranger, on les étranglerait ou on les tuerait. Je les quittai donc, et je jetai un coup d’œil furtif dans les cabanes, qui étaient entièrement vides. En regagnant le bois je rencontrai le docteur Sparrman ; nous retournâmes vers les femmes, afin de les revoir, et de me convaincre si j’avais bien interprété leurs signes. Elles étaient toujours au même endroit ; nous leur offrîmes tout de suite des grains de verroterie qu’elles acceptèrent avec de grands témoignages de joie ; elles réitérèrent cependant