Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gros que des têtes d’épingles ; cette découverte nous persuada davantage que cette île renferme des minéraux précieux : dans la partie que nous avions déjà reconnue, elle différa de toutes celles que nous avions examinées en ce qu’elle n’offrait point de productions volcaniques. Après nous être enfoncés dans les bois très-épais qui bordent la côte de toutes parts, nous y rencontrâmes de jeunes arbres à pain qui n’étaient pas encore assez gros pour porter du fruit ; mais ils semblaient être venus sans culture : ce sont peut-être des arbres indigènes dans cette île. J’y recueillis aussi une espèce de fleur de la passion : on croyait que cette fleur ne se trouvait qu’en Amérique. Je me séparai de mes compagnons : je parvins à un chemin creux et sablonneux, rempli des deux côtés de liserons et d’arbrisseaux odorans, et qui paraissait avoir été le lit d’un torrent ou d’un ruisseau : il me conduisit à un groupe de deux ou trois buttes environnées de cocotiers. À l’entrée de l’une d’elles j’observai un homme assis, tenant sur son sein une petite fille de huit ou dix ans dont il examinait la tête : il fut d’abord surpris de me voir ; mais, reprenant bientôt sa tranquillité, il continua son opération : il avait à la main un morceau de quartz transparent ; et comme l’un des bords de ce quartz était tranchant, il s’en servait au lieu de ciseaux pour couper les cheveux de la petite fille. Je leur donnai à tous les deux des grains de verroterie noire, dont ils semblèrent fort