Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tendre que je me proposais de laisser les deux cochons sur le rivage, et j’ordonnai qu’on les fit sortir de la chaloupe. Je les présentai à un grave vieillard, dans la persuasion que je pouvais les lui confier avec sûreté ; mais, secouant la tête, il me fit signe, ainsi que tous les autres, de reprendre les cochons dans le canot, parce qu’il en était épouvanté. Il faut convenir que la forme de ces quadrupèdes n’est pas attrayante, et ceux qui n’en ont jamais vu ne doivent pas prendre du goût pour eux. Comme je persistais à les leur laisser, ils parurent délibérer ensemble sur ce qu’ils devaient faire, et ensuite notre guide me dit de les envoyer à l’ériki. Nous nous fîmes conduire à l’habitation de ce chef, que nous trouvâmes assis dans un cercle de huit ou dix personnes d’un âge mûr. Dès que je fus introduit avec mes cochons, on me pressa très-civilement de m’asseoir, et alors je leur vantai l’excellence des deux quadrupèdes, et je m’efforçai de leur persuader combien la femelle leur donnerait, en une seule fois, de petits, qui venant eux-mêmes à se multiplier, leur en produiraient un nombre considérable. J’exagérais ainsi la valeur de ces animaux pour engager ces Indiens à les nourrir avec le plus grand soin, et je crois qu’à cet égard je réussis pleinement. Dans cet intervalle, deux personnes qui avaient quitté la compagnie revinrent avec six ignames, qu’elles me présentèrent. Je pris ensuite congé d’eux, et je revins à bord.

» L’après-midi je retournai à terre, où, sur