Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/292

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tre, ils n’auraient eu pour régal que du bœuf et du porc salés.

» J’appris que les naturels, sur neuf pirogues, étaient venus le long du vaisseau, et que quelques-uns étaient montés à bord : il ne fut pas nécessaire de les presser beaucoup pour cela, car ils paraissaient fort bien connaître les Européens, et ils avaient plusieurs couteaux de fer.

» Le lendemain ils nous firent une autre visite : je m’aperçus qu’ils étaient de la même nation que j’avais vue autrefois dans la baie de Bon-Succès, et que Bougainville distingue sous le nom de Pechereis, mot que ces Indiens prononçaient à tout moment. Ils sont petits, laids et très-maigres ; ils ont les yeux fort petits et sans expression, les cheveux noirs et lisses, flottant en désordre et barbouillés d’huile ; ils n’avaient sur le menton que quelques poils clair-semés, et leur nez répandait continuellement du mucus dans leur bouche ouverte : toute leur figure annonçait la misère et la saleté la plus horrible. Leurs épaules et leur estomac sont larges et osseux, et le reste de leur corps est si mince et si grêle, qu’en voyant séparément ces différentes parties, nous ne pouvions croire qu’elles appartinssent à la même personne ; leurs jambes étaient arquées, et leurs genoux d’une largeur disproportionnée. Je n’en ai pas vu un seul de grand : ils étaient presque nus ; une peau de phoque leur servait de vêtement : quelques-uns en portaient deux ou trois cousues ensemble, de manière qu’elles formaient