Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/291

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cile ; il nous fallut ensuite traverser des rochers par de fort mauvais chemins ; de sorte que des centaines d’oies nous échappèrent ; quelques-unes s’envolèrent dans la mer, et d’autres dans l’île. Nous en tuâmes ou prîmes cependant soixante-deux.

» Plusieurs cavernes profondes coupaient les rochers, et formaient des voûtes élevées souvent de cent pieds au-dessus de nos têtes ; le ressac se calmant par intervalle, nous pouvions entrer quelquefois dans ces retraites obscures avec le canot ; les oiseaux qui s’y trouvaient récompensaient bien notre peine. Plusieurs de ces antres avaient cent-vingt à cent cinquante pieds de longueur ; les rochers qui leur servaient de murailles étaient communément l’asile des nigauds, auxquels nous ne faisions alors aucune attention. Le schiste de ces rochers était aussi rempli de fentes et de crevasses énormes qui devenaient fatales aux oies : ces oiseaux trop lourds ayant rarement la force de traverser l’ouverture, tombaient, et nos matelots les prenaient en vie.

» Nous retournâmes à bord bien fatigués, et nous mangeâmes à souper une partie de ce que la chasse de la veille avait produit. M. Pickersgill et son détachement, arrivés quelque temps avant nous, avaient rapporté trois cents œufs d’hirondelles de mer et quatorze oies. Je pus ainsi en distribuer à tout l’équipage ; ce qui fit d’autant plus de plaisir aux matelots, que Noël approchait : sans cette heureuse rencon-