Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/294

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» Je leur fis donner du biscuit ; mais je ne remarquai pas qu’ils l’aimassent autant qu’on me l’avait dit. L’instinct leur a peut-être appris que cet aliment n’est pas aussi bon pour eux que la viande de phoque pouri. Ils préféraient les médailles, les couteaux, etc. Il y avait dans chacune de leurs pirogues un feu autour duquel se serraient et se réchauffaient les femmes et les enfans : je ne puis pas supposer qu’ils portent du feu dans leurs canots uniquement pour cet usage ; c’est plutôt afin d’être toujours prêts à en allumer à terre, partout où ils débarquent ; car, quelle que soit leur méthode de s’en procurer quand ils n’en ont point, ils ne sont pas sûrs de trouver toujours du bois sec qui s’enflamme à la première étincelle. Ils ont aussi dans leurs pirogues de grandes peaux de phoques, que je jugeai destinées à les abriter quand ils sont en mer, et à couvrir leurs huttes à terre. Ils les employaient quelquefois comme des voiles. Leurs pirogues étaient très-grossières, et d’écorce d’arbres ; de petits bâtons servaient à maintenir la courbure de l’écorce ; leurs pagaies étaient mauvaises, et ils manœuvraient fort lentement : chaque canot contenait de cinq à huit personnes, y compris les enfans : bien différens de tous les insulaires du grand Océan, ils gardaient un profond silence en approchant du vaisseau. Ceux qui montèrent à bord ne témoignèrent pas la moindre curiosité : ils ne parurent charmés de rien ; ils acceptèrent des grains de verroterie sans re-