Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/295

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connaissance et sans y mettre aucun prix ; ils nous abandonnèrent avec la même indifférence leurs armes, et leurs peaux de phoques déchirées. Ils ne semblaient pas même remarquer notre supériorité sur eux, et nous ne surprîmes pas dans leurs regards ni dans leurs gestes un seul signe d’admiration à la vue de tous les objets que contient un vaisseau, toujours merveilleux aux yeux des sauvages. Tout en eux annonçait, la stupidité et l’insouciance.

» Quelques-uns proférèrent un petit nombre de mots, outre celui de pecherei, dans lequel je remarquai beaucoup de consonnes et de gutturales, surtout le ll des Gallois (Fl.) : ils semblaient tous grasseyer fortement ; ce qui contribua à rendre inintelligible ce qu’ils disaient. Nous leurs fîmes en vain les gestes que les plus misérables insulaires du grand Océan avaient aisément compris : ils ne montrèrent pas la moindre envie de nous instruire de leur langage ; et comme aucune de nos richesses n’excitait leurs désirs, ils ne prenaient pas de peine pour se faire comprendre.

» Toutes les personnes qui avaient été du voyage de l’Endeavour convinrent que les Indiens qu’ils avaient vus à la baie de Bon-Succès étaient plus à leur aise et plus heureux que ceux-ci : leur taille était plus haute ; ils portaient des bottines, ce qui rendait leur pied plus sûr ; enfin ils étaient plus communicatifs, et avaient des idées de civilité : ceux-ci au contraire, étaient si stupides, si indolens et si mi-