Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/297

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nouvellent sans cesse les besoins les plus pressans : ils errent peut-être cherchant de la nourriture d’une baie ou d’un golfe à l’autre ; car nous avons lieu de croire qu’ils passent leur hiver dans le canton le moins rigoureux de cet horrible pays.

» Ils se retirèrent tous avant dîner, et ne partagèrent pas notre régal de Noël : je croîs que personne ne les y invita, car leur saleté et leur puanteur suffisaient pour ôter l’appétit à l’Européen le plus vorace : c’eût été dommage de ne pas profiter des nourritures fraîches que nous avait fournies le hasard. On servit donc des oies rôties et bouillies, des pâtés d’oies, etc. Il nous restait encore quelques bouteilles de vin de Madère, la seule de nos provisions qui se fût améliorée en mer ; de sorte que nos amis d’Angleterre ne fêtèrent peut-être pas Noël plus gaiement.

» Les matelots, ayant commencé cette fête la veille, burent encore toute la journée du 26 : la plupart étaient morts-ivres ; le capitaine les fit jeter dans les canots comme des animaux, et on les mena à terre où ils reprirent leurs sens à l’air.

» Le capitaine Cook a donné à cette rade le nom de Noël, à cause de cette fête que l’équipage y célébra. L’entrée, qui a trois lieues de large, gît par 55° 27′ de latitude sud, et 70° 16′ de longitude ouest. Les îles Saint-Ildefonse, éloignées de dix lieues dans le nord-est, sont le meilleur indice pour la trouver. Il est inu-