Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/38

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fruits et des racines au fond d’un vase chargé d’ordures, au moment où les cochons venaient d’y manger. Ils n’avaient lavé ni le vase ni même leurs mains, qui n’étaient pas moins sales ; et lorsque je leur témoignai que c’était dégoûtant, ils se moquèrent de moi. Je ne sais si tous sont de même : les actions de quelques individus ne suffisent pas pour juger de toute une nation. Je ne sais pas non plus si les hommes et les femmes mangent séparément.

» Voici cependant un article sur lequel ils sont plus propres que les Taïtiens : aux îles de la Société, les excrémens qui remplissent les chemins blessent tous les matins l’odorat et la vue ; mais les habitans des Marquésas sont accoutumés, comme les chats, à les cacher dans les entrailles de la terre. Les Taïtiens comptent sur le secours des rats, qui mangent avidement ces ordures ; ils sont convaincus que leur usage est le plus propre du monde, car Topia reprocha aux Européens leur prétendue délicatesse, quand il vit dans chaque maison de Batavia un petit édifice destiné à la déesse Cloacine.

» Leurs massues et leurs piques ressemblent à celles de Taïti ; elles sont un peu mieux faites : ils ont aussi des frondes, avec lesquelles ils jettent des pierres fort loin ; mais ils n’ont pas une extrême adresse pour toucher le but.

» Leurs pirogues sont de bois et de l’écorce d’un arbre mou qui croît abondamment près de la mer, et qui est très-propre à cet usage : elles ont de seize à vingt pieds de long, et en-