probablement à cause de quelque malentendu ou du caractère violent et impétueux de ces navigateurs. On a déjà parlé de l’accueil qu’ils nous firent, et de leur rapport avec les Taïtîens. Les habitans des Marquésas ne peuvent pas goûter les avantages que procurent à ceux des îles de la Société les fertiles plaines qui bordent leurs côtes. Après avoir cultivé le terrain nécessaire à leur subsistance, il ne reste plus d’espace pour ces vastes plantations de mûriers qui frappent partout les yeux à Taïti : et lors même qu’ils auraient de l’emplacement, ils ne pourraient pas y employer le temps qu’exige cette branche de culture. On ne remarque point aux Marquésas l’opulence et le luxe, la profusion d’alimens, la quantité et la variété d’étoffes dont jouissent les Taïtiens ; mais les insulaires y ont le nécessaire : ils sont tous égaux, actifs, biens portans, et rien ne peut les priver de ce qui fait leur bonheur. Les Taïtiens ont plus d’aisance ; ils sont peut-être plus habiles dans les arts, et ils mènent une vie plus délicate ; mais ils ont perdu leur égalité primitive : une partie vit des travaux de l’autre, et des maladies les punissent déjà de leurs excès.
» Le 13 avril on quitta les Marquésas pour aller à Taïti.
» Le 17, à dix heures du matin, on vit une terre que nous reconnûmes ensuite pour être une ceinture de petites îles basses réunies par un récif de corail. Je rangeai la côte nord-