Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/47

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dessein, ils parurent contens de notre départ, et nous aidèrent à pousser nos canots au large ; quelques-uns jetèrent de petites pierres qui tombèrent dans l’eau près de nous, et tous semblaient fiers de nous avoir épouvantés. Ils parlèrent beaucoup, et très-haut, après que nous fûmes en mer, et finirent par s’asseoir le long du rivage à l’ombre des arbres. Dès que nous fûmes à bord, le capitaine fit tirer par-dessus leurs têtes, et dans la mer, devant eux, quatre ou cinq coups de canon pour leur montrer quelle était notre puissance. Les derniers boulets surtout les effrayèrent tellement, qu’ils s’enfuirent tous avec la plus grande précipitation. Ils ne nous vendirent pas plus de trente cocos et de cinq chiens.

» Les vastes lagunes qui sont en dedans de ces îles circulaires sont probablement d’abondans réservoirs de poissons, qui fournissent aux habîtans une subsistance assurée. La partie sablonneuse des bancs est un lieu où les tortues peuvent commodément déposer leurs œufs ; et il paraît, par les débris que trouva l’équipage du Dauphin, qu’ils savent prendre de ces gros animaux, dont la chair doit être un régal pour eux. Le peu de plantes qui croissent sur ces écueils est très-utile, et leur facilite les moyens de pêcher. Quelques arbres sont si gros, que de leurs troncs on peut faire des pirogues, et avec leurs branches des armes et des outils. Le cocotier, la principale richesse de plusieurs nations du globe, est aussi pour eux d’une uti-