Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rouges auxquelles ils attachaient un grand prix.

» Le lendemain 22, à six heures du matin, on mouilla dans la baie de Matavaï ; nous fûmes aussitôt entourés d’une foule de pirogues.

» Oedidi, qui était allé à terre avec le capitaine, ne revint pas le soir ; il avait rencontré plusieurs de ses parens, et en particulier sa sœur Téïàa, une des plus jolies femmes de l’île, mariée à un homme grand et bien fait, appelé Nouna, personnage d’un certain rang et natif d’Ouliétéa. Sa maison très-vaste était située près de nos tentes, à environ trois cents pieds au-delà de la rivière. Oedidi avait quitté ses vêtemens européens avant d’aller à terre, et mis ceux que ses amis lui avaient donnés. Il changea de costume avec un empressement et un plaisir qui montraient sa prédilection pour les usages et les mœurs de son pays. Il ne faut pas s’étonner qu’un naturel des îles de la Société préfère la vie heureuse, les alimens sains et les habits simples de ses compatriotes, à l’agitation perpétuelle, aux mets dégoûtans, à la parure gênante et bizarre d’une troupe de navigateurs européens, puisqu’on voit les Esquimaux retourner joyeusement dans leur affreux pays pour se nourrir de la chair et de l’huile rance de baleine, après avoir mangé à Londres des mets infiniment plus délicats, et joui de tous les plaisirs et de la magnificence de cette grande capitale.

» Oedidi fut traité ainsi qu’il l’espérait : tous