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même peuple qui huit mois auparavant n’avait pas d’asile pour s’y mettre à l’abri, vivait alors dans des habitations spacieuses ; on apercevait d’ailleurs toutes les marques de la prospérité d’un état naissant.

» Nous avions déjà tant de cochons à bord, qu’il fallut faire une étable à terre ; l’on se souvient qu’en 1773 c’était une faveur lorsque le roi ou le chef voulait bien nous en céder un seul.

» D’après ces favorables circonstances, Cook résolut de faire un long séjour à Taïti ; en conséquence, on porta à terre les futailles vides et les voiles pour les réparer ; on se prépara à calfater le bâtiment et à raccommoder les agrès ; la longue navigation sous les hautes latitudes australes avait rendu tous ces travaux indispensables.

» Le matin du 26, dit Cook, j’allai à O-parri avec quelques-uns de nos officiers et M. Forster, pour faire à O-tou une visite en forme. En approchant, nous aperçûmes beaucoup de grandes pirogues en mouvement, et nous fûmes surpris, à notre arrivée, d’en voir plus de trois cents rangées en ordre le long de la côte, toutes complètement équipées et armées, et sur le rivage un nombre considérable de guerriers. Un armement si inattendu, rassemblé autour de nous dans l’espace d’une nuit, excita différentes conjectures ; nous débarquâmes cependant au milieu de la flotte ; nous fûmes reçus par une foule immense de Taïtiens ; la plupart avaient des armes ; les autres n’en avaient pas ;