téea. Dans ce compte, je suppose que chaque pirogue de guerre contenait quarante hommes, guerriers et rameurs, et chacune des petites huit hommes. Quelques-uns de nos messieurs évaluèrent à un nombre supérieur la quantité de monde qui se trouvait sur les pirogues de guerre : il est sûr que la plupart semblaient avoir besoin de plus de pagayeurs que je ne leur en suppose ; mais, je le répète, je crois qu’elles n’avaient pas leur monde complet. Topia m’apprit, dans mon premier voyage, que toute l’île ne levait que six ou sept mille hommes ; mais, puisque deux districts fournissaient ce nombre de soldats, ses calculs devaient être ceux des anciens temps, ou bien il n’y comprenait que les tatitous, c’est-à-dire les guerriers ou les hommes adonnés aux armes dès leur enfance, et non pas les rameurs, ni ceux qui étaient nécessaires à la manœuvre des autres pirogues : je crois, au reste, qu’il parlait de la milice sur pied, et non pas de toutes les forces que l’île peut mettre en campagne au besoin.
» Le spectacle de cette flotte agrandissait encore les idées de puissance et de richesses que nous avions de cette île, et tout l’équipage était dans l’étonnement en pensant aux outils imparfaits que possèdent ces insulaires ; nous admirions la patience et le travail qu’il leur a fallu pour abattre des arbres énormes, couper et polir les planches, et enfin porter ces lourds bâtimens à un si-haut degré de perfection. C’est avec une hache de pierre, un ciseau, un mor-