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ceau de corail et une peau de raie, qu’ils avaient fait ces ouvrages.

» Après avoir bien examiné cette flotte, je désirai beaucoup de revoir l’amiral, afin d’aller avec lui à bord des pirogues de guerre. Nous demandâmes en vain de ses nouvelles. Je mis à terre pour m’informer où il était ; mais il y avait tant de bruit et tant de foule, que personne ne fit attention à ce que je disais. Enfin Ti arriva, et me chuchota à l’oreille qu’O-tou était parti pour Matavaï ; il me conseilla de retourner et de me rembarquer pour descendre dans un autre endroit. Je suivis son conseil, qui fit naître dans notre esprit différentes conjectures. Nous en conclûmes que Taouha était un chef puissant et mécontent, qui se disposait à faire la guerre à son souverain ; car nous n’imaginions pas qu’O-tou pût avoir d’autre raison de quitter O-parri comme il le fit.

» À peine fûmes-nous hors d’O-parri, que toute la flotte se mit en mouvement du côté de l’ouest, d’où elle venait. En arrivant à Matavaï, nos amis nous dirent qu’elle faisait partie d’un armement destiné contre Eimeo, dont le chef avait secoué le joug de Taïti et s’était rendu indépendant. On nous apprit encore qu’O-tou n’était pas à Matavaï, et même qu’il n’y était point venu ; de sorte que nous ne concevions pas les raisons de sa fuite d’O-parri. Ceci nous engagea à y retourner une seconde lois l’après-midi : nous l’y retrouvâmes alors, et nous sûmes qu’il avait évité de me voir le