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rouges avant de savoir le prix qu’elles auraient à Taïti. Si toutes ces richesses y avaient été apportées, il est probable que la valeur des provisions se serait tellement accrue, que nous aurions obtenu moins de rafraîchissemens que lors de notre première relâche. Une seule plume formait un présent d’une extrême valeur, et fort supérieur à un grain de verroterie et à un clou ; le plus petit morceau d’étoffe revêtu de ces plumes produisait l’ivresse de joie que ressentirait un Européen qui trouverait le diamant du grand-mogol. Potatou nous apporta son casque monstrueux de cinq pieds de haut, et l’échangea contre des plumes ; d’autres suivirent son exemple, et chaque matelot acheta des boucliers sans nombre. Ce qui est plus étonnant, ils nous offrirent ces singuliers habits de deuil dont il est question dans le premier voyage de Cook, qu’ils refusèrent absolument d’échanger en 1769. Ces vêtemens, composés des productions les plus rares de l’île et de la mer qui l’environne, et travaillés avec un soin et une adresse extrêmes, doivent être parmi eux d’un prix considérable. Nous n’en achetâmes pas moins de dix, qu’on a rapportés en Angleterre. Le capitaine Cook en a donné un au muséum britannique.

» Ordinairement le plus proche parent du mort porte cet habillement bizarre ; il tient dans sa main deux grandes coquilles perlières avec lesquelles il produit un son continuel, et dans l’autre un bâton armé de dents de requin