Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/77

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eut fini sa Harangue, on ordonna aux soldats de marine de faire l’exercice, et de tirer des volées à balles ; comme ils étaient très-prompts, dans leurs manœuvres, il est plus aisé de concevoir que de décrire l’étonnement des insulaires, surtout de ceux qui n’avaient rien vu de semblable auparavant. Les chefs prirent ensuite congé et se retirèrent avec leur cortége, plus effrayés peut-être que charmés de ce qu’ils avaient vu.

» Taouha revint l’après-midi avec sa femme, qui était très-âgée, et qui semblait avoir un aussi bon caractère que son mari : ils montaient une grande double pirogue, garnie d’un tendelet sur l’arrière, et conduite par huit pagayeurs ; ils nous invitèrent, M. Hodges et moi, dit Forster, à entrer dans leur bâtiment, et nous les accompagnâmes à O-parri. Pendant la route, Taouha nous, fit différentes questions, et en particulier sur la nature et la constitution de notre patrie. Il croyait que M. Banks était au moins frère du roi, et le capitaine Cook grand-amiral ; il fut fort étonné et il nous écouta avec une extrême attention quand nous lui apprîmes qu’il se trompait ; mais, dès que nous lui dîmes que nous n’avions ni cocos, ni arbres à pain, il parut avoir assez mauvaise opinion de notre pays, malgré les avantages que nous lui exposions d’ailleurs. En débarquant, il ordonna de servir un repas de poissons et de fruits : nous venions de quitter la table avant de partir du bord ; mais ne voulant pas le blesser, nous nous assîmes et nous mangeâmes des mets excellens :