Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/84

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charmes, et exige toujours les mêmes soins. Voici un second fait dont nous fumes témoins. Polatehéra, jadis femme de Patatou, mais qui en était alors séparée, avait pris en sa place un jeune mari ou amant, dès qu’elle avait vu son premier amant s’attacher à une autre Taïtienne. Le jeune homme aimait une fille de son âge ; ils se donnaient des rendez-vous sur notre vaisseau ; et comme ils ne cachaient pas bien leurs amours, on les découvrit. La fière Polatehéra les surprit un matin, donna à sa rivale plusieurs coups sur la tête, et fit à l’amant coupable une sévère réprimande.

» Le capitaine Cook trouva, en 1767, le gouvernement de Taïti dans les mains de Toutahah : ce prince, devenu fort riche par les présens qu’il avait reçus des Anglais, après le départ de l’Endeavour, persuada aux chefs de Taïti-Noué, ou de la grande péninsule, de marcher contre Ouahitoua, qui avait fait un si grand outrage à sa famille. Ils équipèrent une flotte, et se rendirent à Tierrebou, où Ouahitoua se prépara à les recevoir : mais comme c’était un vieillard qui désirait finir ses jours en paix, il assura Toutahah, par députés, qu’il était son ami, qu’il lui resterait toujours attaché, et il le conjura de retourner dans son pays, sans attaquer ceux qui l’aimaient. Toutahah, dont ces caresses ne changèrent point la résolution, donna ordre délivrer bataille : la perte fut à peu près égale des deux côtés, et Toutahah se retira, afin d’attaquer l’ennemi