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son vassal Ouahitoua, roi de la plus petite péninsule. Ouahitoua débarqua à Paparra, où O-ammo résidait ; et, après avoir mis en déroute ses troupes, et massacré une grande partie de ses soldats, il brûla les plantations et les cabanes, et emmena tous les cochons et toutes les volailles qu’il put trouver. O-ammo et Obéréa, avec toute leur suite, dont O-maï m’a dit qu’il faisait partie, s’enfuirent dans les montagnes au mois de décembre 1768. Le conquérant consentit enfin à la paix, à condition qu’O-ammo se dépouillerait du gouvernement, et que le droit de succession serait ôté à son fils, et donné à O-tou, fils aîné de son frère Happaï. La convention fut agréée, et Toutahah, frère cadet d’O-ammo, fut nommé régent. Cette révolution ressemble beaucoup à celles qui arrivent souvent dans les royaumes despotiques de l’Asie : il est rare que le conquérant ose gouverner le pays qu’il a subjugué ; ordinairement il le pille, et il y nomme un autre souverain, qu’il choisit dans la famille régnante.

» Obéréa avait de fréquentes querelles avec son mari, et elle le battait souvent. Ils se séparèrent : le mari prit pour maîtresse une jeune femme très-belle ; et Obéréa, de son côté, prodigua ses faveurs à Obadi et à d’autres amans. Les infidélités d’O-amma semblent avoir été le fondement de ces disputes : ces brouilleries, qui ne sont pas aussi communes à Taïti qu’en Angleterre, arrivent cependant quelquefois, surtout si la femme commence à perdre ses