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tention de mon père en lui proposant diverses questions. Mon père, qui s’aperçut de ses desseins, fit semblant de ne pas regarder autour de lui, et la princesse, croyant ne pas être vue, cacha deux grands clous dans les plis de son vêtement. Quand le capitaine rentra, mon père l’avertit de ce petit stratagème ; mais ils jugèrent qu’il valait mieux n’en rien dire que l’ébruiter. On remarquera que, toutes les fois qu’elle avait témoigné du goût pour quelques-unes de nos richesses, on ne les lui avait jamais refusées ; au contraire, nous lui en donnions plus qu’elle n’en demandait. Il est donc extraordinaire qu’elle ait eu la tentation de voler une chose qu’elle pouvait acquérir honnêtement. Plusieurs des femmes qui étaient à bord l’accusaient de conduire dans son lit des teouteous, ou des hommes d’un rang inférieur, sans que son frère en sut rien. Dans un pays où l’on suit librement les mouvemens de la nature, on ne peut pas attendre de la réserve de ceux à qui le rang permet encore plus qu’aux autres de faire toutes leurs volontés. Les passions sont les mêmes partout : le même instinct domine l’esclave et le prince, et produit toujours le même effet dans tous les pays.

» Le 14 mai, Oedidi se rendit à bord, et nous apprit qu’il se décidait à rester dans l’île ; mais on le détermina à nous accompagner à Ouliétéa. Il présenta au capitaine plusieurs insulaires de Bolabola, dont l’un était son