frère. Ils demandaient à être transportés aux îles de la Société ; le capitaine y consentit.
» Tout transporté de joie, il nous annonça en secret qu’il avait partagé la couche d’Obéréa la nuit dernière : il regardait cette faveur signalée comme une marque de distinction, et il nous montra plusieurs pièces de l’étoffe la plus fine qu’elle lui avait donnée. Obéréa, malgré sa vieillesse, conservait donc encore des désirs très-vifs.
» Bientôt après, continue Cook, Taouha, Potatatou, O-ammo, Happaï, Obéréa, et quelques autres de nos amis, nous apportèrent des fruits, etc. Pour monter Taouha sur le vaisseau, on descendit un fauteuil soutenu par des cordes, et nous le hissâmes en haut ; ce qui lui fit un grand plaisir, et ce qui étonna beaucoup ses compatriotes. On le plaça ensuite sur le gaillard d’arrière ; sa femme était avec lui. Parmi divers présens que je lui fis, se trouvait une flamme anglaise qui l’enchanta d’autant plus qu’on lui en apprit l’usage.
» Nous parlâmes de l’expédition projetée contre Eiméo, et Taouha continua de nous assurer qu’elle aurait lieu immédiatement après notre départ. Malgré sa maladie, il était déterminé à commander la flotte en personne : il nous dit que sa vie était peu importante, puisqu’il ne pouvait pas être long-temps utile à son pays. Quoique très-infirme, il était fort gai ; tous ses sentimens annonçaient le véritable héroïsme : il prit congé de nous avec une tendresse et une cordialité extrêmes.