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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/176

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pas à son fils de s’asseoir à table. J’étais plus à mon aise quand je l’avais pour convive ; car alors les autres insulaires n’osaient approcher, et un petit nombre d’entre eux se tenaient dans ma chambre. Lorsque lui ou Finaou n’étaient pas à bord, ce qui à la vérité n’arriva guère durant notre relâche, les chefs inférieurs s’asseyaient à ma table sans façon, ou bien ils entraient dans ma chambre à l’heure du repas, et ils m’importunaient beaucoup. Nous nous trouvions si gênés par la foule, qu’il n’y avait pas moyen de dîner d’une manière tranquille. Le roi ne tarda pas à aimer notre cuisine ; je fus persuadé néanmoins qu’il ne dînait si souvent avec nous que pour le plaisir de boire plutôt que pour celui de manger ; il prit en effet du goût pour le vin, et il vidait sa bouteille aussi bien et aussi gaiement que nous. Il établit sa demeure dans une maison située près de notre tente : le soir il donna à nos gens le spectacle d’une danse, et, ce qui étonna tout le monde, malgré son embonpoint monstrueux, il dansa.

» Le 15, dans la matinée, je reçus un message du vieux Toubaou, qui me priait de descendre à terre. J’allai le voir, accompagné d’O-maï : nous le trouvâmes assis, comme les anciens patriarches, au pied d’un arbre, et entouré d’un cercle d’insulaires d’une physionomie respectable : une grande pièce d’étoffe était étendue de toute sa longueur devant lui : il nous invita à nous asseoir près de lui ; il