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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/124

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mitié, car non-seulement il ne leur inspirait aucune aversion, mais même celui que nous trouvâmes à Tierebou, et qui y jouait le rôle d’un ambassadeur, d’un prêtre ou d’un dieu, proposa formellement de le rétablir dans les biens qui avaient appartenu à son père. Il ne voulut jamais accéder à cette offre, et il se montra résolu, jusqu’à notre départ, de saisir la première occasion qui s’offrirait, et de se venger par une bataille. Je conjecture que sa cotte de mailles ne contribuait pas peu à son ardeur guerrière ; il se croyait invincible avec sa cuirasse et ses armes à feu.

» Quels que fussent les défauts d’O-maï, ils se trouvaient plus que contrebalancés par son extrême bonté et par la docilité de son caractère. Je n’ai guère eu occasion de me fâcher au sujet de sa conduite en général ; son cœur reconnaissant fut toujours pénétré des bontés qu’on a eues pour lui en Angleterre, et il n’oubliera jamais ceux qui l’ont honoré de leur protection et de leur amitié pendant son séjour à Londres. Il était doué d’une assez grande pénétration ; mais il ne s’appliquait pas, et il n’avait point cette constance qui suit les mêmes idées. Ainsi ses connaissances étaient superficielles et imparfaites à bien des égards. Il observait peu ; il vit aux îles des Amis une foule d’arts utiles et d’amusemens agréables qu’il aurait pu porter dans sa patrie, où vraisemblablement on les adopterait volontiers, puisqu’ils sont si analogues aux habitudes des naturels des