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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/123

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les bonnes grâces du roi ; il aurait pu s’établir avantageusement à Taïti, où il avait passé autrefois plusieurs années, et où il était fort considéré de Toaouha, qui lui fit présent d’une double pirogue, chose très-précieuse. En s’établissant sur cette île, son élévation aurait rencontré moins d’obstacles ; car un étranger parvient plus aisément qu’un naturel du pays à jouer un rôle au-dessus de sa naissance ; mais il fut toujours indécis, et je crois qu’il n’aurait point voulu se fixer à Houaheiné, si je ne lui avais pas déclaré nettement que je n’emploîrais jamais la force pour lui faire rendre les biens de son père. Les navigateurs qui aborderont par la suite sur ces îles nous apprendront s’il aura mieux employé le reste de ses richesses, lesquelles, malgré ses profusions, étaient encore considérables, et si les soins que j’ai pris pour qu’il vécût tranquille auront eu du succès. Les commandans des vaisseaux qui se trouveront dans ces parages rechercheront sans doute avec intérêt ce qu’est devenu le pauvre O-maï. Il exprimait d’une manière trop ouverte son antipathie contre les habitans de Bolabola, et il a surtout à craindre les suites de son indiscrétion. Les naturels de Bolabola, entraînés par la jalousie, s’efforceront de le rendre odieux à ceux de Houaheiné ; ils en viendront d’autant mieux à bout, qu’ils sont aujourd’hui en paix avec cette dernière île, et que plusieurs d’entre eux y demeurent. Il lui eût cependant été très-facile d’éviter leur ini-