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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/156

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mer qu’après un jour et demi ou deux jours de marche. Ce lac est d’une profondeur extrême, et renferme des anguilles d’une grosseur énorme ; les naturels y pêchent quelquefois sur de petits radeaux de deux ou trois bananiers sauvages joints ensemble. Ils le regardent comme la première des curiosités naturelles de l’île. En général, on demande tout de suite aux voyageurs qui viennent des autres îles s’ils l’ont vu. On y trouve aussi, à la même distance de la côte, une mare d’eau douce, qui d’abord paraît très-bonne, et qui dépose un sédiment jaune ; mais elle a un mauvais goût ; elle devient funeste à ceux qui en boivent une quantité considérable, et elle produit des pustules sur la peau, lorsqu’on s’y baigne.

» En abordant à Taïti, nous fûmes vivement frappés d’un contraste remarquable : habitués à la stature robuste et au teint brun du peuple de Tongatabou, nous ne nous accoutumions pas à la délicatesse des proportions et à la blancheur des Taïtiens : ce ne fut qu’après un certain temps que nous regardâmes cette différence comme favorable aux derniers ; peut-être même n’arrêtâmes-nous ainsi notre opinion que parce que nous commencions à oublier la taille et la physionomie des habitans de la métropole des îles des Amis. Les Taïtiennes cependant nous parurent l’emporter à bien des égards ; nous leur trouvâmes tous les agrémens et toute la délicatesse des traits qui distinguent les femmes dans la plupart des pays du monde.