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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/158

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semblent croire aussi que leur embonpoint et la couleur de leur peau dépendent d’ailleurs de leurs alimens, car le changement des saisons les oblige à changer leur régime selon les différentes époques de l’année.

» Les nourritures végétales forment au moins les neuf dixièmes de leur régime ordinaire. Je pense que le mahié en particulier, ou le fruit à pain fermenté, dont ils font usage à presque tous leurs repas, les relâche, et produit en eux une fraîcheur très-sensible, qu’on n’aperçoit pas en nous qui vivons de nourritures animales ; et s’ils ont si peu de maladies, il faut peut-être l’attribuer à leur régime tempéré.

» Ils ne comptent que cinq ou six maladies qu’on puisse appeler chroniques, parmi lesquelles je ne dois pas oublier l’hydropisie et le sefaï, ou ces enflures sans douleur, que nous avions trouvées si communes à Tongatabou. Il s’agit ici de l’époque qui a précédé l’arrivée des Européens ; car nous les avons infectés d’une maladie nouvelle, qui équivaut seule à toutes les autres, et qui est presque universelle aujourd’hui : il paraît qu’ils ne savent pas la guérir d’une manière efficace. Les prêtres la traitent quelquefois avec des compositions simples : mais, de leur aveu, ils ne la guérissent jamais parfaitement ; ils conviennent néanmoins que, dans un petit nombre de cas, la nature, sans le secours d’un médecin, détruit le fatal virus, et opère une guérison complète. Ils disent qu’un homme infecté communique souvent sa mala-