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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/159

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die aux personnes qui vivent dans la même maison ; que ces personnes la prennent en mangeant dans les mêmes vases que les malades, et même en les touchant ; qu’alors elles meurent souvent, tandis que celui-là guérit : mais ce dernier fait me paraît difficile à croire ; et, s’il est vrai, c’est avec des modifications dont on ne nous a pas parlé.

» Leur conduite, dans toutes les occasions, annonce beaucoup de franchise et un caractère généreux. Néanmoins O-maï, que ses préventions pour les îles de la Société disposaient à cacher les défauts de ses compatriotes, nous a avertis souvent que les Taïtiens sont quelquefois cruels envers leurs ennemis. Ils les tourmentent de propos délibéré, nous disait-il ; ils leur enlèvent de petits morceaux de chair en différentes parties du corps ; ils leur arrachent les yeux ; ils leur coupent le nez, et enfin ils les tuent et ils leur ouvrent le ventre : mais ces cruautés n’ont lieu qu’en certaines occasions. Si la gaieté est l’indice d’une âme en paix, on doit supposer que leur vie est rarement souillée par des crimes ; je crois cependant qu’il faut plutôt attribuer leur disposition à la joie, à leurs sensations, qui, malgré leur vivacité, ne paraissent jamais durables : car, lorsqu’il leur survenait des malheurs, je ne les ai jamais vus affectés d’une manière pénible après les premiers momens de crise. Le chagrin ne sillonne point leur front ; l’approche de la mort ne semble pas même altérer leur bonheur. J’ai observé