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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/166

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leur fruit à pain et leurs ignames, ils mangent diverses racines qui croissent sans culture sur les montagnes ; ils se nourrissent d’abord du patarra, qui ressemble à une grosse patate ou à une igname, et qui est bon tant qu’il n’a pas pris toute sa croissance ; mais dès qu’il est vieux, il est rempli de fibres dures. Ils mangent d’ailleurs deux autres racines, dont l’une approche du taro, et dont la seconde s’appelle ehoï ; il y en a deux espèces : l’une est vénéneuse, et on est contraint de la fendre et de la laisser une nuit dans l’eau avant de la cuire ; et sous ce rapport, elle ressemble à la cassave des îles d’Amérique. De la manière dont les Taïtiens l’apprêtent, elle forme une pâte humide, très-insipide au goût : cependant je les ai vus s’en nourrir à une époque où ils n’éprouvaient point de disette : c’est une plante grimpante, comme le patarra.

» La classe inférieure fait peu d’usage des nourritures animales, excepté de poissons ou d’autres productions marines ; elle ne mange du cochon que rarement, et peut-être jamais. L’eri-de-hoï seul est assez riche pour s’en nourrir tous les jours ; les chefs subalternes ne peuvent guère en avoir qu’une fois par semaine, par quinzaine, et par mois, selon leur fortune. Quelquefois même ils sont obligés de se passer de cette friandise ; car, lorsque la guerre ou d’autres causes ont appauvri l’île, le roi défend à ses sujets de tuer des cochons ; et on nous a dit qu’en certaines occasions la défense subsis-