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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/168

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pour la boire amicalement comme à Tongatabou ; mais ses pernicieux effets sont plus sensibles à Taïti, car elle ne tarde pas à enivrer, ou plutôt à donner de la stupeur à toutes les facultés du corps et de l’esprit : ceux d’entre nous qui avaient abordé autrefois sur ces îles, furent surpris de voir la maigreur affreuse d’un grand nombre d’insulaires que nous avions laissés d’un embonpoint et d’une grosseur remarquables ; nous demandâmes la cause de ce changement, et on nous répondit qu’il fallait l’attribuer à l’ava : leur peau était rude, desséchée et écailleuse ; on nous assura que ces écailles tombent de temps en temps, et que la peau se renouvelle. Pour justifier l’usage d’une liqueur si pernicieuse, ils prétendent qu’elle empêche de devenir trop gras : il est évident qu’elle les énerve, et il est très-probable qu’elle abrége leurs jours. Ces effets nous ayant moins frappés durant nos premières relâches, il y a lieu de croire que les Taïtiens n’abusaient pas autant de cet objet de luxe. S’ils continuent à boire l’ava aussi fréquemment, on peut prédire que leur population diminuera.

» Ils font beaucoup de repas dans un jour : le premier (ou plutôt le dernier, car ils vont se coucher immédiatement après) a lieu à environ deux heures du matin, et le second à huit ; ils dînent à onze heures, et comme le disait O-maï, ils dînent une seconde et une troisième fois à deux et à cinq heures du soir, et ils soupent à huit : ils ont, sur ce point de leur vie