Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

domestique, des usages très-bizarres. Les femmes éprouvent non-seulement la mortification de manger seules, et dans une partie de la maison éloignée de celle où mangent les hommes ; mais ce qui est bien plus étrange encore, on ne leur donne aucune portion des mets délicats : elles n’osent goûter ni d’un poisson de l’espèce du thon, qui est fort estimé, ni de quelques-unes de meilleures bananes, et on permet rarement le porc, même à celles des classes supérieures. Les petites filles et les petits garçons prennent aussi leurs repas séparément. En général, les femmes apprêtent les choses dont elles se nourrissent, car les hommes les laisseraient mourir de faim plutôt que leur rendre ce service. Il y a ici, et dans plusieurs de leurs coutumes relatives à leurs repas, quelque chose de mystérieux que nous n’avons jamais pu bien comprendre. Lorsque nous en demandions la raison, on ne nous répondait rien, sinon que cela était juste et indispensable.

» Ce qui a d’ailleurs rapport aux femmes n’est point obscur, leurs liaisons avec les hommes n’offrent surtout rien de caché. Si un jeune homme et une jeune femme habitent ensemble, le jeune homme donne au père de la fille quelques-unes des choses réputées nécessaires dans le pays, telles que des cochons, des étoffes et des pirogues ; la quantité de ces choses est proportionnée au temps qu’il passe avec sa maîtresse : si le père pense qu’il n’a pas été assez payé, il ne se fait pas de scrupule de reprendre