Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

troduit un morceau de bois au-dessous du prépuce, et lui dit de regarder de tel côté une chose bien curieuse ; tandis que le jeune homme est occupé d’un autre objet, le prêtre coupe avec une dent de requin, et ordinairement d’un seul coup, le prépuce étendu sur le morceau de bois ; il sépare ensuite, ou plutôt il replie en arrière les parties divisées, et, ayant bandé la plaie, il fait la même opération au reste des jeunes gens. Les nouveaux circoncis se baignent cinq jours après : on ôte leurs bandages et on nettoie leur plaie ; le dixième jour ils se baignent de nouveau, et ils se portent bien ; mais la partie où s’est faite l’incision offre encore une grosseur, et le tahoua, toujours suivi d’un domestique, mène une seconde fois les petits garçons sur la colline, y allume du feu, place le prépuce entre deux pierres chaudes et le presse doucement, ce qui détruit la grosseur. Les nouveaux circoncis retournent alors chez eux, la tête et le corps ornés de fleurs odoriférantes. Leurs pères donnent à l’opérateur des cochons et des étoffes, et ils proportionnent la récompense à son habileté : s’ils sont pauvres, la famille se charge du présent.

» Le système religieux des Taïtiens est fort étendu et singulier sur un grand nombre de points ; mais peu d’individus du bas peuple le connaissent parfaitement : cette connaissance se trouve surtout parmi les prêtres, dont la classe est très-nombreuse. Ils croient qu’il