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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/173

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existe plusieurs dieux, dont chacun est très-puissant ; mais ils ne paraissent pas admettre une divinité supérieure aux autres. Les différens cantons et les diverses îles des environs ayant des dieux divers, les habitans de chacun de ces cantons et de chacune de ces terres imaginent sans doute avoir choisi le plus respectable, ou du moins une divinité revêtue d’assez de pouvoir pour les protéger et pour fournir à tous leurs besoins. Si ce dieu ne satisfait pas leurs espérances, ils ne pensent pas qu’il soit impie d’en changer : c’est ce qui est arrivé dernièrement à Tierebou, où l’on a substitué aux deux divinités anciennes Oraa, dieu de Bolabola, peut-être parce qu’il est le protecteur d’un peuple qui a été triomphant à la guerre ; et comme depuis cette époque ils ont eu des succès contre les habitans de Taïti-noué, ils attribuent leurs victoires à Oraa, qui, selon leur expression, combat pour eux.

» Ils servent leurs dieux avec une assiduité remarquable : outre que les grands ouhattas, c’est-à-dire les endroits des moraïs ou l’on dépose les offrandes, sont ordinairement chargés d’animaux et de fruits, on rencontre peu de maisons qui n’en aient pas un petit dans leur voisinage. Les habitans des îles de la Société sont, sur ces matières, d’une rigidité si scrupuleuse, qu’ils ne commencent jamais un repas sans mettre de côté un morceau pour l’éatoua. Le sacrifice humain dont nous avons été témoins durant ce voyage montre assez jus-