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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/176

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d’un homme et d’une femme. Si le mari meurt le premier, il reconnaît l’âme de son épouse dès le moment où elle arrive dans la terre des esprits ; il se fait reconnaître dans une maison spacieuse, appelée Taourova, où se rassemblent les âmes des morts pour se divertir avec les dieux. Les deux époux vont ensuite occuper une habitation séparée, où ils demeurent à jamais, et où ils font des enfans : au reste, ils ne procréent que des êtres spirituels, car leur mariage et leurs embrassemens ne sont pas les mêmes que ceux des êtres corporels.

» Leurs idées sur la Divinité sont d’une extravagance absurde. Ils la croient soumise au pouvoir de ces mêmes esprits à qui elle a donné l’être ; ils imaginent que ces esprits la mangent souvent ; mais ils lui supposent la faculté de se reproduire. Ils emploient sans doute ici l’expression manger parce qu’ils ne peuvent parler des choses matérielles sans recourir à des objets matériels. Ils ajoutent que la Divinité demande aux esprits assemblés dans le taourova s’ils ont le projet de la détruire ; que si les esprits ont pris cette résolution, elle ne peut la changer. Les habitans de la terre se croient instruits de ce qui se passe dans la région des esprits ; car à l’époque où la lune est dans son déclin, ils disent que les esprits mangent leur éatoua, et que la reproduction de l’éatoua avance lorsque la lune est dans son plein. Les dieux les plus puissans sont sujets à cet accident, ainsi que les divinités subalternes. Ils