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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/175

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que temps dans cet état ; qu’elle passe ensuite au lieu destiné à la réception de toutes les âmes humaines ; qu’elle y vit au milieu d’une nuit éternelle, ou, comme ils le disent quelquefois, au milieu d’un crépuscule qui ne finit jamais. Ils ne pensent pas que les crimes commis sur la terre subissent après la mort un châtiment éternel ; car le dieu mange indifféremment les âmes des bons et celle des méchans. Mais il est sûr qu’ils regardent cette réunion à la Divinité comme une purification nécessaire pour arriver à l’état de bonheur. En effet, selon leur doctrine, si un homme s’abstient des femmes quelques mois avant de mourir, il passe tout de suite dans sa demeure éternelle, sans avoir besoin de cette union préliminaire ; ils imaginent qu’il est assez purifié par cette abstinence, et affranchi de la loi générale.

» Toutefois, ils sont loin de se former sur le bonheur de l’autre vie les idées sublimes que nous offre notre religion, et même notre raison. L’immortalité est le seul privilége important qu’ils semblent espérer ; car s’ils croient les âmes dépouillées de quelques-unes des passions qui les animaient tandis quelles se trouvaient réunies au corps, ils ne supposent pas qu’elles en soient absolument affranchies. Aussi les âmes qui ont été ennemies sur la terre se livrent-elles des combats lorsqu’elles se rencontrent ; mais il paraît que ces démêlés n’aboutissent à rien, puisqu’elles sont réputées invulnérables. Ils ont la même idée de la rencontre