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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/185

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familles, les biens passent toujours au fils aîné ; mais il est obligé de fournir à l’entretien de ses frères et de ses sœurs, à qui on accorde une portion de ses biens.

» Des ruisseaux ou de petites collines, qui en bien des endroits se prolongent dans la mer, servent ordinairement de bornes aux divers cantons de Taïti. De grosses pierres marquent les domaines particuliers ; le dérangement d’une de ces pierres produit des querelles qui se décident par les armes. Chaque parti met alors ses amis en campagne ; mais si l’on porte ses plaintes à l’éri-de-hoï, le roi termine le différent à l’amiable ; toutefois le délit dont il est ci question n’est pas commun, et une longue possession semble assurer les propriétés des Taïtiens, aussi-bien que les lois les plus sévères des autres contrées. Un ancien usage remet à la vengeance des particuliers les crimes qui n’intéressent pas la communauté, et on ne dénonce point ces délits aux chefs. Ils semblent croire que la personne offensée ou lésée prononcera d’une manière aussi équitable que des indifférens ; et les châtimens décernés aux crimes de toutes espèces étant connus dès long-temps, on lui permet de les infliger sans avoir à répondre de sa conduite. Ainsi, lorsqu’on surprend un voleur, ce qui en général arrive pendant la nuit, l’homme qu’il a volé peut le tuer sur-le-champ ; et si on en demande des nouvelles, il lui suffit, pour sa justification, de dire les raisons qu’il a eues de lui donner la