Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mort. Au reste, on ne punit guère les voleurs avec sévérité, à moins qu’ils ne dérobent des choses réputées très-précieuses, telles que des pièces d’estomac et des cheveux tressés. Si un voleur s’enfuit après avoir pris des étoffes ou même des cochons, et qu’on le découvre ensuite, on ne le punit point, lorsqu’il promet de rendre la même quantité d’étoffes ou le même nombre de cochons. On lui pardonne quelquefois quand il s’est tenu caché plusieurs jours ; ou bien il en est quitte pour une légère bastonnade. Si un insulaire en tue un autre dans une querelle, les amis du défunt se réunissent, et ils attaquent le meurtrier et ses partisans. S’ils triomphent, ils s’emparent de la maison, des terres et des meubles du meurtrier ; mais s’ils sont vaincus, leurs richesses tombent au pouvoir du vainqueur. Si un manahouné tue le teouteou ou l’esclave de l’un des chefs, celui-ci détache des gens qui s’emparent des terres et de la maison du meurtrier, lequel se réfugie dans un autre canton de l’île ou sur une des îles voisines. Il revient quelques mois après ; et trouvant son troupeau de cochons beaucoup augmenté, il en offre une portion avec des plumes rouges et d’autres choses précieuses, au maître du teouteou, qui accepte ordinairement cette compensation, et qui lui permet de rentrer en possession de sa maison et de ses terres. Cet arrangement est le comble de la vénalité et de l’injustice. Le meurtrier de l’esclave ne semble se cacher qu’a-