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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/203

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tillons, qu’ils désiraient montrer à leurs compatriotes. Ils avaient, à quelques égards, une politesse naturelle qui nous charma : ils craignaient beaucoup de nous offenser ; ils nous demandèrent où ils devaient s’asseoir, s’ils pouvaient cracher sur le pont. Quelques-uns répétèrent une longue prière avant de venir à bord : plusieurs chantèrent, et firent avec leurs mains des gestes pareils à ceux que nous avions vus souvent dans les îles des Amis et de la Société. Ils ressemblaient parfaitement, sous un second rapport, aux insulaires de ces deux groupes. Dès qu’ils furent au vaisseau, ils s’efforcèrent de voler toutes les choses qui se trouvaient près d’eux, ou plutôt ils les prirent sans se cacher, comme s’ils avaient été sûrs de ne pas nous fâcher ou de ne pas être punis. Nous ne tardâmes point à les détromper, et s’ils devinrent ensuite moins empressés à se rendre maîtres de tout ce qui excitait leurs désirs, c’est parce qu’ils se virent surveillés de près.

» J’avais défendu d’aller à terre aux équipages des trois canots que j’envoyai sur la côte pour y chercher un port : je voulais prendre tous les moyens possibles de ne pas introduire une maladie funeste dans cette île. Je savais que quelques-uns de nos gens en étaient infectés, et que malheureusement nous l’avions déjà répandue sur d’autres terres du grand Océan. Le même motif me détermina à ne pas recevoir des femmes à bord des vaisseaux : plusieurs étaient arrivées sur des pirogues ; elles avaient