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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/204

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à peu près la taille, le teint et les traits des hommes ; et quoique leur physionomie annonçât une gaîté aimable, leur visage et toute leur personne offrait peu de traits délicats. Au lieu de maro que portaient les hommes, elles avaient autour du corps une pièce d’étoffe qui tombait de la hauteur des reins jusqu’à mi-cuisse ; c’est la seule différence que présentât leur vêtement. Elles n’étaient pas moins empressées que les hommes à monter à bord ; mais, ainsi que je le disais tout à l’heure, je cherchais à prévenir des liaisons qui leur auraient fait un mal irréparable, et qui auraient attiré une calamité affreuse sur la nation entière. Je ne bornai pas là mes précautions : je défendis de la manière la plus expresse d’employer à terre les hommes qui pouvaient y répandre l’infection.

» Le temps seul découvrira si ces règlemens, inspirés par l’humanité, produisirent l’effet que j’en attendais. Je m’étais occupé de cet objet avec le même soin lorsque j’abordai pour la première fois aux îles des Amis, et j’ai vu depuis, avec beaucoup de chagrin, que je n’avais pas réussi. Je crains que de pareilles espérances ne soient toujours trompées. Dans une expédition comme la nôtre, où il devient nécessaire d’avoir à terre un certain nombre d’hommes, les détachemens qu’on laisse sur la côte ont tant d’occasions et un tel désir de connaître les femmes du pays, qu’il est bien difficile d’empêcher ces liaisons ; et un capitaine qui se croit sûr de la santé de