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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/233

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pirogues, parut en travers de la pointe méridionale de l’anse, où il s’arrêta et où il demeura rangé en bataille, parce qu’une négociation avait commencé. Quelques-uns des négociateurs passèrent en pirogues entre les deux troupes, et plusieurs discours furent prononcés de part et d’autre. Enfin la querelle, quel qu’en fût le sujet, parut arrangée ; mais on ne permit aux étrangers ni de venir le long des vaisseaux, ni de faire des échanges, ni de communiquer avec nous. Nous étions vraisemblablement la cause de la dispute ; les étrangers désiraient peut-être partager les avantages du petit commerce que nous faisions sur la côte ; les habitans de la baie voulaient garder pour eux seuls cette aubaine. Nous en eûmes d’ailleurs diverses preuves : il parut même que les habitans de la baie n’étaient pas unis ; car les plus faibles étaient souvent obligés de céder au parti le plus fort, et dépouillés de tous leurs biens, sans qu’ils opposassent la moindre résistance.

» Le 12 au soir nous reçûmes la visite d’une troupe d’Indiens que nous n’avions pas encore vus, et qui en général avaient la physionomie plus douce et plus agréable que la plupart de ceux que nous fréquentions journellement. Quelques-uns de ces derniers les accompagnaient. Je les engageai à descendre dans ma chambre : ils y consentirent pour la première fois, et j’observai que rien ne fixa leur attention ; ils regardèrent toutes nos merveilles avec la plus grande indifférence. Il faut cepen-