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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/302

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supérieur et dans le bord inférieur ; ils y suspendent des paquets de coquilles tubuleuses, dont les habitans de Noutka se servent pour le même usage. La cloison du nez est trouée aussi ; ils y placent fréquemment des tuyaux de plumes, ou des ornemens un peu courbes, tirés des coquillages cités plus haut, enfilés à un cordon raide de trois ou quatre pouces de longueur, ce qui leur donne une mine vraiment grotesque ; quelques individus des deux sexes ont une parure encore plus extraordinaire et plus hideuse. Leur lèvre inférieure est fendue ou coupée parallèlement à la bouche, un peu au-dessous, de la partie renflée : cette incision y qu’on fait aux enfans à l’époque où ils tètent encore, a souvent plus de deux pouces de longueur, et par sa contraction naturelle, lorsque la plaie est fraîche, ou par une répétition de quelques mouvemens particuliers, elle prend la forme des lèvres, et elle devient assez considérable pour que la langue traverse. Telle était celle du premier individu que vit un de nos matelots : il s’écria que les sauvages avaient deux bouches, et on l’eût pu croire en effet : ils attachent dans cette bouche artificielle un ornement plat et étroit, tiré principalement d’un coquillage solide ou d’un os découpé en petites portions étroites, semblables à de petites dents qui descendent presque jusqu’à la base ou la partie la plus épaisse, et qui ont à chaque extrémité une saillie par où elles se soutiennent : la partie découpée en dents est la seule qui se