gaisons de peaux d’une qualité inférieure, mais je n’ai jamais ouï dire qu’ils y mettent beaucoup de prix. Je ne songeai pas à leur demander depuis quelle époque ils ont des établissemens à Ounalachka et sur les îles voisines ; mais, à juger de l’assujettissement extrême auquel sont réduits les naturels du pays, la date doit en être récente[1]. Ces marchands de pelleteries sont relevés de temps en temps par d’autres. Ceux que nous vîmes étaient arrivés d’Okhotsk en 1776 ; ils devaient s’en retourner en 1781, en sorte que leur séjour dans cette contrée sera au moins de cinq ans.
» Les naturels du pays m’ont paru les gens les plus paisibles ou les moins malfaisans que j’aie jamais rencontrés. Leur honnêteté pourrait servir de modèle aux nations les plus civilisées de la terre ; mais, d’après ce que j’ai remarqué parmi leurs voisins avec lesquels les Russes n’ont point de liaison, je doute que ce soit une suite de leurs dispositions naturelles, et je pense qu’il faut l’attribuer à leur esclavage. En effet, si quelques-uns de nos messieurs entendirent bien ce qu’on leur raconta, le cabinet de Saint-Pétersbourg a été obligé d’employer la rigueur[2] pour établir le bon ordre parmi les insulaires. Si on les a traités