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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/45

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occasion d’examiner le corps de la malheureuse victime ; je remarquai que le derrière de sa tête et le visage étaient ensanglantés, et qu’il y avait une meurtrissure énorme sur la tempe droite : ce qui me fit reconnaître de quelle manière on l’avait tué. On me dit en effet qu’on l’avait assommé à coups de pierre sur la tête.

» Ceux qui doivent être les victimes de cet affreux sacrifice ignorent l’arrêt prononcé contre eux ; ils n’en sont instruits qu’à l’instant où ils reçoivent le coup mortel. Lorsque l’un des grands chefs juge qu’un sacrifice humain est nécessaire, il désigne lui-même l’infortuné qu’on immolera ; il détache ensuite quelques-uns de ses serviteurs affidés, qui tombent brusquement sur la victime, et qui l’assomment à coups de massue ou de pierre. On porte la nouvelle de sa mort au roi, dont la présence, comme je l’ai déjà remarqué, est absolument indispensable aux cérémonies qui doivent suivre. O-tou joue effectivement un des premiers rôles dans le sacrifice dont j’ai fait la description. La cérémonie, en général, est appelée pouré-eri, ou la prière du chef, et la victime offerte à la divinité, taatu tabou, ou l’homme dévoué. C’est le seul cas où nous avons entendu à Taïti le terme de tabou ; il semble y avoir une signification mystérieuse, ainsi qu’à Tonga. Les habitans de cette dernière île l’emploient toutes les fois qu’ils veulent désigner des choses auxquelles il ne faut pas toucher ; mais on se sert alors, à Taïti, du mot raa, dont l’acception n’est pas moins éten-