Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

due. Le moraï où se passèrent les cérémonies atroces que j’ai décrites, est sûrement tout à la fois un temple, un lieu destiné aux sacrifices et un cimetière. C’est celui où on enterre le chef suprême de l’île entière, et il est réservé à sa famille et à quelques-uns des principaux du pays ; il ne diffère guère des moraïs ordinaires que par sa grandeur. La partie la plus remarquable est une masse large et oblongue de pierres posées l’une sur l’autre sans ciment ; elle a environ douze ou quatorze pieds de hauteurs ; elle se resserre au sommet, et elle offre de chaque côté un terrain carré, pavé de cailloux mobiles, au-dessous desquels on enterre les chefs. On trouve, à peu de distance de l’extrémité la plus voisine de la mer, le lieu où l’on offre les sacrifices : il est pavé aussi de pierres mobiles presqu’en entier. On y voit un grand échafaud, ou ouhatta, sur lequel on met les fruits et les différens végétaux qu’on offre à la divinité ; mais les animaux sont déposés sur des ouhattas plus petits dont j’ai déjà parlé, et on enterre sous diverses parties du pavé les pauvres malheureux qu’on immole aux dieux. On aperçoit aux environs divers monumens de la superstition des Taïtiens ; par exemple, de petites pierres qui s’élèvent au-dessus du pavé, d’autres pierres auxquelles sont attachés des morceaux d’étoffe, plusieurs qui sont couvertes d’étoffes, et, à côté de la grande masse de pierres qui est en face de l’esplanade du moraï, un grand nombre de morceaux de