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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/71

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ner dans leurs cantons respectifs. Nous suivîmes cependant le prince à Oparri, M. King et moi. Notre voyage ne fut pas long. Tandis qu’on apprêtait notre dîner, un messager arriva d’Eimeo, et il exposa les articles de la paix, ou plutôt de la trêve ; car la suspension d’armes n’était que pour un temps limité. Les conditions se trouvaient désavantageuses à Taïti, et on blâma beaucoup O-tou, dont la lenteur à envoyer des renforts avait obligé Toaouha à se soumettre à un accommodement honteux. On disait même publiquement que Toaouha, indigné de la conduite du roi, avait juré de réunir ses forces à celles de Tierebou, et d’attaquer O-tou à Matavaï ou à Oparri, lorsque je serais parti. Je déclarai solennellement de mon côté que je défendrais les intérêts de mon ami, et que je lui donnerais des secours contre une pareille ligue ; que je reviendrais dans l’île, et que je me vengerais sans pitié de ceux qui auraient l’audace d’y prendre part. Mes menaces eurent vraisemblablement l’effet que j’en attendais ; et si Toaouha forma d’abord le projet dont je viens de parler, il ne tarda pas à y renoncer, ou du moins il n’en fut pas question. Ouhappaï, père d’O-tou, désapprouva beaucoup le traité de paix, et il ne ménagea point Toaouha, qui l’avait conclu : cet habile vieillard sentait bien que, si j’accompagnais à Eimeo l’escadre des Taïtiens, je serais très-utile à leur cause, sans me mêler directement de la querelle. Toutes ses raisons portaient sur ce calcul ; il justifiait de