les trois chantaient de temps en temps un air mélancolique, auquel l’assemblée fit peu d’attention. Ces prières et ces chants durèrent une heure. Le grand-prêtre, ayant fait une autre prière qui fut de courte durée, découvrit le maro : O-tou se leva ; on lui ceignit le maro ; pendant cette opération il tenait à sa main un chapeau ou bonnet fait de plumes rouges de la queue du paille-en-cul, mêlées d’autres plumes brunes. Il se plaça au milieu de la scène en face des trois prêtres, qui continuèrent leurs prières l’espace d’environ dix minutes : l’un des assistans se leva d’une manière brusque ; il dit quelque chose qui finit par le cri de heiva, et l’assemblée lui répondit trois fois en criant à haute voix : éri ! On m’avait averti auparavant que c’était la partie principale de la cérémonie.
» Les assistans passèrent alors au côté opposé de la grande masse de pierres, où l’on voit une large fosse que les insulaires appellent le moraï du roi. On y répéta la cérémonie que je viens de décrire, et elle finit également par trois acclamations. On replia le maro, dont la splendeur se trouva augmentée d’une touffe de plumes rouges que l’un des prêtres donna à O-tou, tandis que le roi l’avait autour de ses reins.
» L’assemblée se rendit ensuite à une grande cabane située près du moraï, et elle s’y assit avec beaucoup plus d’ordre qu’on n’en voit ordinairement à Taïti. Un homme du district de Tierebou fit un discours qui dura environ