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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/92

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haussières aux arbres, on ouvrit à ces animaux un sentier par où ils pouvaient se sauver à terre. On dit que cet expédient a réussi quelquefois ; mais je crois que nous nous débarrassâmes de peu de rats, si même nous nous en débarrassâmes d’un seul.

» Le 2 dans la matinée nous reçûmes la visite de Maheiné, chef de l’île ; il s’approcha des vaisseaux avec beaucoup de précaution, et il fallut le presser long-temps pour le déterminer à venir à bord : il nous regardait comme les amis des Taïtiens, et croyait vraisemblablement que nous lui ferions du mal ; car ces peuples ne comprennent pas qu’on puisse être ami d’une tribu sans épouser sa querelle contre une tribu ennemie. Sa femme, qui l’accompagnait, était sœur d’Oamo, l’un des chefs de Taïti, dont on nous avait raconté la mort. Je leur donnai à l’un et à l’autre les choses auxquelles ils me semblèrent devoir mettre le plus de prix, et ils s’en retournèrent après avoir passé une demi-heure sur la Résolution. Ils revinrent bientôt pour m’offrir un gros cochon en retour de mon présent ; mais je leur en fis un second qui valait au moins ce qu’ils m’apportaient : ils allèrent ensuite voir le capitaine Clerke.

» Maheiné qui, à l’aide d’un petit nombre de partisans, s’était rendu à quelques égards indépendant de Taïti, avait quarante à cinquante ans : sa tête était chauve, ce qui n’arrive guère à cet âge dans les îles du grand Océan : il portait une espèce de turban, et il semblait hon-