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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/93

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teux de n’avoir point de cheveux ; mais j’ignore s’il rougissait d’avoir la tête chauve, ou s’il pensait que nous méprisions les têtes dénuées de cheveux. J’adopterais volontiers la dernière supposition ; car les insulaires nous avaient vus raser la chevelure de l’un de leurs compatriotes que nous surprîmes commettant un vol. Ils en conclurent, selon toute apparence, que nous infligions ce châtiment aux voleurs, et un ou deux de nos messieurs, qui avaient peu de cheveux, furent violemment soupçonnés d’être des tetos[1].

» Le soir, nous montâmes à cheval O-maï et moi, et nous fîmes une promenade le long de la côte. Notre cortége ne fut pas nombreux ; O-maï avait défendu aux naturels de nous suivre, et la plupart d’entre eux obéirent : la crainte de nous déplaire l’emporta sur leur curiosité. Touaouha avait amené sa flotte dans ce havre, et quoique les hostilités n’eussent duré que peu de jours, on apercevait partout les traces de ses dévastations. Les arbres étaient dépouillés de leurs fruits, et toutes les maisons du voisinage avaient été abattues ou réduites en cendres.

» Nous employâmes deux ou trois jours à tirer de la cale nos tonneaux de liqueurs fortes, et nous les goudronnâmes, afin de les garantir de la piqûre des insectes. Le 6 au matin, on remorqua la Résolution dans le courant. Je voulais appareiller le jour suivant ; mais un

  1. Des voleurs ou des fripons.