Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/100

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tance de Kanno et des diannanines. Les femmes, les filles et les enfans ne peuvent entrer dans ce bois sacré. Cette hardiesse passerait pour un sacrilége. On leur fait croire dès l’enfance qu’elle serait punie sur-le-champ par une mort tragique.

Les Quodjas ne sont pas moins persuadés qu’ils ont parmi eux des magiciens et des sorciers. Ils croient avoir aussi une espèce d’ennemis du genre humain, qu’ils appellent sovasmounousins, c’est-à-dire empoisonneurs et suceurs de sang, qui sont capables de sucer tout le sang d’un homme ou d’un animal, ou du moins de le corrompre. Ce sont les vampires d’Afrique. L’esprit humain est partout le même ; ils croient avoir d’autres enchanteurs nommés billis, qui peuvent empêcher le riz de croître ou d’arriver à sa maturité. Ils croient que Sova, c’est-à-dire le diable, s’empare de ceux qui se livrent à l’excès de la mélancolie, et que dans cet état il leur apprend à connaître les herbes et les racines qui peuvent servir aux enchantemens ; qu’il leur montre les gestes, les paroles, les grimaces, et qu’il leur donne le pouvoir continuel de nuire. Aussi la mort est-elle la punition infaillible de ceux qui sont accusés de ces noires pratiques. Ces Quodjas ne traverseraient point un bois sans être accompagnés, dans la crainte de rencontrer quelque billi occupé à chercher ses racines et ses plantes : ils portent avec eux une certaine composition à laquelle ils croient la vertu