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Les Koakoas sont ordinairement quatre ou cinq dans une pirogue ; mais il est rare qu’on en voie monter plus de deux à la fois sur un vaisseau : ils y viennent chacun à leur tour, et n’apportent jamais deux dents ensemble.

Les daschis ou présens, qui sont les premiers objets de l’empressement des Nègres, ne paraissent pas d’abord d’une grande importance : c’est un couteau de peu de valeur, un anneau de cuivre, un verre d’eau-de-vie ou quelques morceaux de biscuit ; mais ces libéralités, qui ne cessent point tout le long de la côte, et qui se renouvellent quarante ou cinquante fois par jour, emportent à la fin cinq pour cent sur la cargaison du vaisseau. Cet usage vient des Hollandais, qui se crurent obligés, en arrivant sur la côte de Guinée, d’employer l’apparence d’une générosité extraordinaire pour ruiner les Portugais dans l’esprit des Nègres. Il n’y a point de nation pour qui leur exemple n’ait pris la force d’une loi. Toute proposition de commerce doit commencer par les daschis. Ainsi ce trait de politique est devenu un véritable fardeau pour l’Europe et pour ceux même qui l’ont inventé.

Le même usage est établi sur la côte d’Or, et commence au cap Laho, avec cette différence, que les daschis ne s’accordent qu’après la conclusion du marché, et qu’ils y portent le nom de dassi-midassi ; mais, sur toutes les côtes inférieures, depuis la rivière de Gambie, les Nègres veulent que leurs daschis soient